15 juillet 2011

Gérer les relations à l'ère Facebook

Je sais que ça doit être difficile à croire, mais j’ai un défaut.  Je suis la pire personne pour garder contact avec des amis qui quitte ma belle ville natale. 


À 15 ans, mon meilleur ami est déménagé à Montréal et je n’ai même pas pris la peine de lui demander son adresse ou son numéro de téléphone.  Il faut dire qu’à cette époque les courriels n’existait presque pas alors il fallait une bonne dose de volonté pour rester en contact.  Ensuite, lorsque j’ai fini le Cégep, plusieurs de mes amis sont déménagés à Montréal pour continuer leurs études.  Et même si j’avais maintenant leurs adresses courriel, je n’ai pas plus entré en communication avec eux pour avoir de leurs nouvelles.  Plus tard, un de mes meilleurs amis et camarade de classe d’université est déménagé à Los Angeles pour continuer ses études et sans le savoir, avoir sa job de rêve.  À ce point ci, je commençais à réaliser que j’étais terrible pour garder les liens tissés alors je lui ai écris 2 ou 3 fois par année.  Dans 2 mois, j'ai un ami de longue date qui part travailler en Égypte pour 2 ou 3 ans.  Par contre, cette fois-ci, j'ai la recette magique: nos blondes sont des bonnes amies alors pas besoin de me forcer!

Bon je pense que mon point est prouvé, je suis affreux pour garder contact.  Aujourd’hui par contre, je n’ai plus besoin de me forcer, Facebook et Twitter sont arrivés.  La seule chose que je dois faire c’est suivre le compte d’un ami sur Twitter ou accepter une demande d’amitié sur Facebook et je peux suivre la vie de tous les gens que j’ai côtoyés à un moment donné dans ma vie.  Génial non? Pas tout à fait… comme toutes les nouvelles technologies, il y a du pour et du contre.  Je ne peux pas avoir une relation profonde en 140 caractères et moins sur Twitter et ce n’est pas parce que je commente sur les statuts Facebook de vieilles connaissances que nous avons gardé contact.

Par exemple, aujourd’hui avec Facebook, je m’aperçois que mon meilleur ami d’enfance et moi avons encore beaucoup d’intérêt commun alors on pourrait encore être ami aujourd’hui si je n’avais pas la mauvaise habitude d’oublier les gens une fois qu’ils ont quitté la splendide région de l’Outaouais.  Et malgré le fait que je clique "like" ou que je laisse des commentaires sur ses statuts de temps à autres, on ne se parle pas vraiment.  Aujourd’hui, 14 ou 15 ans plus tard, j’aimerais bien prendre une bière avec lui pour parler de nos journées passées dans sa cabane avec nos grenouilles et nos National Geographic, des premières filles qu’on a moché dans sa cave lors de party chips and coke, de sa casquette en métal de Malcolm X, des rides de bike entre la rue P.-Labine, la rue Dr. J.Cousineau et tous les parcs du quartier, des après-midis passés à jouer à Circus sur sa cassette 72 jeux en écoutant l’album Bad de Michael Jackson, mais Facebook n’a pas encore créé de bière virtuelle…

Vous savez comme ça fait pitié un enfant qui demande à un autre "est-ce que tu veux être mon ami?" et de se faire répondre "non".  Ça nous brise le cœur à chaque fois non?  Est-ce que c’est la même chose si je refuse une demande d’amitié Facebook?  Suis-je le pas fin et l’autre fait pitié?  Suis-je bête si je refuse? Ai-je l'air snob?  Qui est-ce que je devrais accepter comme ami et qui est-ce que je ne devrais pas accepter?  C’est clair que je dois accepter ma famille et mes amis qui font partie de ma vie immédiate.  Et encore là, famille c’est un mot large, est-ce que je dois accepter les demandes d’amitié des membres de ma famille (cousins, oncles, tantes, petits-cousins) à qui je ne parle pas ou presque pas?  Et parmi les autres qui, à un certain point, ont fait partie de ma vie, qui est-ce qui mérite de savoir ce qui se passe dans ma vie?  Et les ex?  Ça dépend en quel terme la relation a terminé.  C’est à moi de décider si je veux une vie publique ou non.

Des fois, j'aimerais être célibataire.  Détromprez-vous, j'adore ma douce et je ne la laisserais tomber pour rien au monde.  J'aimerais plutôt être célibataire pour avoir l'opportunité de rencontrer quelqu'un et de débuter une relation amoureuse à l'ère Facebook.  Comment est-ce que ça marche?  Quand est-ce que tu as le droit de changer ton profil de "célibataire" à "en couple".  Et qu'est-ce qui arrive si l'autre personne ne confirme pas le changement de profil?  Et qu'est-ce qui se passe quand une relation se termine? Au moindre changement de profil tous tes amis te disent qu'ils sont désolé même si ça fait 3 ans que tu ne leur as pas parlé.  J'appelle ça de l'hypocrisie dans la même lignée qu'un souhait de bonne fête grâce à un petit "reminder" en haut à droite.

Et comment interpréter les demandes d’amitié?  Est-ce que ces gens veulent vraiment avoir de nos nouvelles?  Ou encore mieux, est-ce qu’ils voudraient reprendre contact?  C’est ben cute tout ça mais dans mon cynisme profond, je crois que ce n’est que du voyeurisme.  On est tous un peu senteux alors quand on reçoit une demande d’amitié d’une connaissance, on l’accepte sans trop réfléchir et on va regarder ses photos récentes et on se dit "Il a dont ben engraissé" ou "Elle a dont ben maigri."  Et on oublie souvent que cette personne fait la même chose de son bord et juge notre apparence actuelle.

C’est à ce niveau que je trouve les relations Facebook superficielle.  N’avez-vous pas tous un ou une meilleur(e) ami d’enfance qui est devenu un ami superficiel?  Moi j’ai une centaine d’ami et parmi eux, il doit y en avoir 30 ou 40 à qui je parle dans la vraie vie, en dehors de Facebook.  Il y en a qui en ont 400, 500 et plus.  C’est qui ces gens là? C’est clair que ce n’est que du voyeurisme.  À moins d’avoir 17 ans, c’est impossible de parler à autant de gens et de gérer autant de relations.  Je n’ai pas assez de temps pour gérer ma vie de famille et ma vie sociale.  Je me demande ben comment je ferais avec 500 amis!

Et l'ironie dans tout ça, c'est que si Facebook n’existait pas, je n’aurais pas écris ce texte… et personne ne viendrait lire mon blog.

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